mardi 24 septembre 2013

Variations Solaires


Il y a des choses dans la vie dont on ne peut pas se lasser. Parmi elles, je pense que la vue depuis mon nouveau chez-moi en fait partie. 
Florilège des jeux de lune et de soleil, depuis la terrasse de Vidigal. 


Lever de Lune...


Coucher de lune, quelques heures plus tard..

 Et lever de soleil sur la Cidade Maravilhosa..










Que la journée commence. 


De l'exotisme du quotidien; ou comment une pomme se transforme en mangue.

EXOTISME.
Ce doux mot, à la simple évocation,  fait voyager le rêveur sur une plage de sable fin  bordée de cocotiers, sentir les effluves de citron vert et de poisson grillé, et entendre au loin des rythmes de percussions endiablées...
("coup de pouce en douce, je deviens poète"...)
J'ai désormais la chance que cet exotisme soit devenu mon quotidien. Presque deux mois que je suis installée sur mon rocher brésilien, et je commence maintenant à appréhender ma nouvelle routine. 
Traversée de l'Atlantique, cap au Sud, et voilà que la pomme se transforme en mangue (et ceux qui connaissent ma passion pour ce fruit, quasiment équivalente à ma folie pour les macarons, sauront que ce n'est pas pour me déplaire..). 
En dehors de ça, voilà donc trois exemples de ce à quoi ressemble ma vie num país tropical:

La première chose qui dépayse, c'est évidemment la faune et la flore. Je ne passe presque pas un jour sans découvrir un animal bizarre, un fruit biscornu ou une plante surprenante. Au cours d'une journée (flash spécial telenovela: vous connaîtrez très prochainement une journée type dans la vie de Lorena, remplie de cours, samba, capoeira...), ça peut donner quelque chose comme: je me lève avec la vue sur la baie, et au premier plan, le manguier, le citronnier et les bananiers du "jardin". Là, les petits singes débarquent et réclament un morceau de la goyave que je suis en train de manger. 

La vue depuis ma nouvelle chambre..

Puis je vais en cours, je descends la favela entourée de chiens, chats, coqs, mais aussi mes amis les cafards et autres réjouissances de ce genre.. (je suis d'ailleurs en constante progression à ce niveau là, maintenant je peux voir une araignée et m'y approcher, certes à un ou deux bons mètres, sans hurler ni courir dans le sens opposé.. no comment). J'arrive à la fac, qui est comme je le disais entourée d'arbres tropicaux verdoyants et traversée par une petite rivière. J'y ai même aperçu des singes et un animal trop bizarre qui ressemblait à un genre de tapir la dernière fois, tranquillement perché dans un arbre... 

Le deuxième exemple est plutôt lié au mode de vie des brésiliens, et des cariocas en particulier. Ici, rien n'est grave, et tout peut se régler d'une manière ou d'une autre, grâce à ce fameux jeitinho. Ce mot, intraduisible en français, fait référence à leur manière de tout pouvoir négocier, d'être capable de se sortir d'une situation inconfortable tout en y trouvant son intérêt grâce à leur légendaire tchatche. Loin du pessimisme et la froideur parisienne, le carioca est toujours à la recherche du mot pour rire, et préfère voir le verre à moitié plein en toute situation. Le revers de la médaille, c'est que bien souvent ils prennent tout à la légère, et cherchent par la même occasion à t'arnaquer.. Ils sont aussi assez flexibles, et pour le coup, savent faire preuve d'énormément de patience. Il existe par exemple des files d'attente pour absolument tout: à la banque, au restaurant, à la cafétéria, pour les toilettes, et jusque pour prendre l'ascenseur! Étonnamment, dans ces situations où tout bon français aurait déjà passé un bon quart d'heure à râler et à souffler bruyamment et cherché douze fois un moyen d'esquiver la règle, les brésiliens se plient à la contrainte de l'attente, et en profitent pour manger, lire, parler (fort) ou se comparer le tour de poitrine (véridique...) 
Une de mes dernières "aventures-quotidiennes" qui recoupe pas mal toutes ces tendances est arrivée il y a quelques jours, alors que j'étais dans le minivan pour aller à la répétition de l'école de samba de Rocinha (ouais en plus je fais du suspense, j'en parlerai plus longuement très prochainement!). On est donc tous installés dans le van passant entre Vidigal et Rocinha, sur cette fameuse Avenue Niemeyer, tortueuse et relativement étroite, sur le bord de la mer, quand d'un coup, on entend un gros bruit. Le van commence alors à brinquebaler de tous les côtés dans un vacarme assourdissant, jusqu'à ce que le chauffeur décide finalement de s'arrêter (d'ailleurs magnifique arrêt en plein milieu de la voie, après un virage et où les voitures déboulent à toute vitesse.. un parfait endroit pour mourir, quoi! Rassure toi maman, si j'ai pu écrire cet article, c'est qu'a priori tout s'est bien terminé..!). Là, tout le monde sort du bus, pour admirer la roue avant droite, quasiment totalement sortie de là où elle devrait normalement gentiment être accrochée. Dans l'indifférence la plus totale, les passagers sont donc montés dans le van suivant ayant pilé au dernier moment devant nous, avant de reprendre la route. Rien de plus normal..

Dernière anecdote: Je rentrais tranquillement des cours avec Julie, quand on s'est retrouvées sur la petite place en bas de Vidigal, où plein de gens étaient en train de s'affairer. Rideaux rouges délimitant une scène, chaises alignées, gros amplis, micros et musiciens en train d'accorder leurs instruments: parfait, ça ressemble pas mal à un concert! Quelques cuivres, des cordes, un clavier, c'est peut-être même du jazz.. Curieuses, on décide d'y rester. Tout le monde semblait bien apprêté (enfin je sais pas vraiment quel terme utiliser ici, car quand les brésiliens sortent, d'autant plus pour les femmes, et plus encore s'il s'agit de faveladas, on peut très bien remplacer "apprêté" par "super vulgaire"...), ou tout au moins on sentait qu'ils avaient essayé de faire des efforts pour cet évènement. Encore une fois les seules étrangères parmi cette scène de plus en plus bizarre, on commence à se poser des questions quand une vieille dame vient nous distribuer un tract "Jésus notre sauveur..blabla..rejoignez-nous..blabla.. Dieu est bon.. blabla.." . Ok, on a compris. Trop tard pour partir, le show commence avec un grand ALLÉLUIA. Tout le monde se lève et c'est parti pour cette sorte de messe/spectacle des membres de l'Assemblée de Dieu (un des nombreux mouvements religieux, pour ne pas dire secte, qui se développe de plus en plus ici). On reste un peu le temps de voir un groupe de jeunes s’époumoner sur un chant mi religieux - mi pop brésilienne super kitsh, et on s'éclipse en souriant.  

Décidément, je ne suis pas prête à regarder d'un oeil blasé les aventures qui composent mon quotidien, pour le moins encore bien exotique..!