mardi 7 janvier 2014

Du sang Brésilien.

Aujourd'hui, je ne vous parlerai pas des émeutes parfois sanglantes qui ont ébranlé la ville et le pays depuis quelques mois, déclenchées par des brésiliens réunis en masse pour protester tantôt contre l'augmentation du prix des transports, contre les sommes astronomiques d'argent dépensées en vue de la Coupe du Monde, contre la faiblesse du système de santé, contre l'indifférence politique face aux questions environnementales, ou contre bien d'autres problèmes liés à la société brésilienne moderne. 
Ces protestations, aussi hétérogènes, légitimes et intéressantes soient-elles, ne sont pas l'objet de mon article.

Je voulais vous parler de sang, de mon sang. 

Depuis que je suis arrivée au Brésil, et d'ailleurs j'ai peut-être même eu la puce à l'oreille avant, je sens un attrait particulier pour ce pays, pour sa culture, ses racines africaines, au point de presque me demander si moi aussi je n'en aurais pas, des origines afro-brésiliennes. 

Bien sûr, j'entends vos rires moqueurs d'ici. Moi, dont les origines les plus exotiques viennent de la Flandre profonde (non en vrai il paraît que j'ai des ancêtres ayant vécu dans le coin de Bergerac, et même, si on remonte encore, jusqu'en Espagne..) et dont la couleur de la peau est bien plus proche de celle du cachet d'aspirine que du bois d'ébène (quoi que, incroyable mais vrai, j'ai quand même réussi à prendre quelques couleurs au bout de 5 mois de vie tropicale...), avec des racines noires?? 
Un retour aux fameuses sources africaines? Non, juste un bain d'argile au Morro de São Paulo, Bahia. 

Evidemment, cela tient bien plus de la symbolique que de la réalité. A une seule chose près: avec des parents ayant vécu trois ans en Haiti, qui sait si quelques poussières de ce sol, d'ailleurs si proche du sol brésilien à bien des niveaux, ne se seraient pas glissées dans mon ADN? (ou alors encore une histoire de facteur, faut que je demande à ma mère.. )

Art Naif, représentation d'un match Brésil-Haiti. Pas de score affiché, seulement une preuve de plus de l'entrelacement des cultures de ces deux pays
Bref, toujours est-il que l'héritage de cette culture me passionne, et je m'en rends de plus en plus compte, à travers le rythme des surdos jouant du samba-reggae, le goût de l'acarajé, du lait de coco et de l'huile de dendê, les mouvements de la Capoeira, la beauté du Jongo ou encore les légendes des Orixas et l'histoire du Candomblé.

Les fameuses "fitas", bracelets souvenirs de l'église do Bonfim de Salvador. La Bahia est l'Etat du Brésil où l'influence africaine est la plus présente.  



En me voyant m'intéresser autant à ces sujets, m'investir aussi bien dans de nombreuses répétitions de samba ou entraînements de capoeira, à manier la langue portugaise du Brésil avec de plus en plus de plaisir et d'aisance, des brésiliens m'ont plus d'une fois dit des phrases comme:
"Nossa, você é mais brasileira que eu!", "Você tem sangue brasileiro/africano, com certeza!", ou encore "Você fala muito bem português, tem que ficar aqui no Brasil!
("Waouh, tu es plus brésilienne que moi!", "C'est sûr que tu as du sang brésilien/africain", "Tu parles très bien portugais, tu devrais rester au Brésil!")

Pour moi évidemment, ce sont les plus beaux compliments que l'on puisse me faire, et cela récompense d'un côté les efforts d'intégration que je tente de faire depuis mon arrivée (car même si pour moi c'est tout sauf une corvée, cela reste à mon avis moins évident que de rester dans la bulle de la communauté d'étudiants étrangers anglophones ou joyeux expats' francophones...), et, d'un autre côté, me sert comme d'un engrais pour faire pousser la petite graine du "je veux rester" qui me pousse dangereusement dans la tête depuis quelques mois...



Je ne parlerai pas plus de cette folle idée maintenant, j'aimerais quand même bien que mes parents ne fassent pas tout de suite un arrêt cardiaque et puissent connaître 2014... D'ailleurs à ce propos, je vous souhaite une très belle année, et qu'elle soit pleine de réalisations de projets fous, de changements de vie, de plaisirs, d'amour, et d'énergie afro-brésilienne. 

Axé!