samedi 17 août 2013

Favelada

Voilà un peu plus de dix jours que je me suis installée en haut de mon caillou, dans la favela de Vidigal. 
Comme je l'imaginais, ce choix n'est pas vraiment anodin, car même s'il s'agit d'une favela pacifiée, c'est une favela quand même.




Pour donner un petit aperçu de Vidigal avant que je publie mes propres photos de mon nouveau chez moi! 

Bien loin de l'ambiance un peu bling bling de la Zone Sud (en gros, Copacabana, Ipanema, Leblon) dans laquelle s'installe l'immense majorité des étudiants étrangers, la vie de favelado semble rythmée d'une manière bien différente. En fait, mes premières impressions de la vie dans la favela sont assez mitigées, mais dans l'ensemble cela reste très positif! 
D'un côté, pour des étudiants étrangers, je trouve que c'est un excellent compromis. Loyer bien plus bas qu'ailleurs (quasiment deux fois moins cher!), expérience très authentique d'une vie quotidienne que de très nombreux cariocas partagent (il y a près de 700 favelas à Rio, ce qui représente 1,3 millions de personnes!), et vie au coeur de la jungle, avec une vue incroyable sur la baie de Rio... Le seul inconvénient que l'on peut y trouver, c'est que cela reste assez loin et mal desservi du reste de la ville, et surtout du centre. (et accessoirement, pour arriver chez moi, il faut soit prendre un moto-taxi, ce qui est déjà une belle aventure, ou alors monter les 12 000 marches qui traversent la favela à pied..!) 
Le revers de la médaille, c'est que même si l'on se rapproche de coeur battant de la vie carioca en vivant dans la favela, on reste aux yeux de ses habitants un véritable gringo (terme utilisé ici pour désigner tous les non-brésiliens).  A ce sujet, les favelados adoptent différents comportements: la majorité d'entre eux s’accommodent bien de la présence des étrangers, sont très sympas et curieux de savoir ce qu'il nous a amené chez eux. D'autres y sont assez indifférents. La dernière catégorie, heureusement minoritaire, concerne les personnes qui voient d'un mauvais oeil que des gringos s'installent chez eux. Cela peut être lié à une forme de racisme pure et simple, mais c'est surtout qu'ils considèrent (pas forcément à tort), que les gringos s'installant dans les favelas contribuent à faire augmenter le coût de la vie et des loyers.. à cela, d'autres leur répondront que le gringo, ayant un pouvoir d'achat élevé, fait tourner le commerce local. 
Il faut quand même différencier les favelas réellement pacifiées et où de plus en plus d'étrangers s'installent (surtout des français d'ailleurs, à croire qu'ils ont tous vu le reportage de Thalassa..!) comme Vidigal ou toutes celles sur les morros (collines) de la Zone Sud, et celles de la Zone Nord, où la violence et l'insécurité sont encore très prégnantes..
Voilà donc ma première analyse à vif  de la vie dans la favela, qui va sûrement bien évoluer au fil du temps. Dans tous les cas, de mon côté j'essaie d'adopter une bonne attitude par rapport à cela, dans l'espoir de m'intégrer au mieux à cette vie si différente de mon quotidien français mais qui pour l'instant me plaît énormément. J'ai d'ailleurs vu qu'il y avait des cours de capoeira dans le centre culturel de Vidigal, ainsi qu'un bloco (une bateria, ensemble de percussions de quartier qui défilera dans les rues au moment du carnaval) avec qui je vais pouvoir jouer si tout va bien! 
La minute telenovela: Dans le prochain épisode, Lorena racontera sa rentrée à l'université, mais aussi ses premières répétitions de capoeira et de samba.. Va-t-elle tenir le rythme? 

Sinon, en exclusivité, voici un petit pêle-mêle de ce à quoi ressemble ma vie dans la favela:
- La vie bien moins chère qu'ailleurs (en équivalent-mangue, c'est quasiment deux fois moins cher, haha) 
- Le baile funk: véritable institution dans la favela, ce sont des rassemblements nocturnes où les filles dansent sur des rythmes répétitifs, d'une manière très sexuelle (et peu importe leur âge...), et dans des tenues pour le moins suggestives... 
- Les joies des moto-taxis, des vans et des escaliers: les trois moyens de monter et de descendre la favela.. Plus ou moins rapide, sportif et efficace, à choisir en fonction de différentes variables (degré de flemme, de retard, d'argent en poche, de caipirinhas dans le sang...) 
- Les flics, et finalement n'importe quel homme, de n'importe quel âge, qui mate ouvertement et sans aucune retenue.. j'ai bien peur que ça ne soit d'ailleurs pas qu'une spécialité de la favela..
- Les petits dej sur la terrasse, au soleil, en compagnie des petits singes qui viennent nous réclamer des bananes 
- Les sorties avec les colocs, avec qui je m'entends d'ailleurs très bien


 Dur réveil ...

PS: Petite précision, suite à un commentaire de ma mère me disant qu'elle s'inquiétait quelque peu de mon mutisme au sujet de l'insécurité dans la favela: comme je le lui disais, je n'en ai pas parlé tout simplement parce que je n'y ai même pas pensé, car elle n'existe pas plus à Vidigal qu'à Marquette-lez-Lille (au hasard...)! En vrai, je me sens quasiment plus en sécurité dans la favela (à n'importe quelle heure, et même si je suis toute seule), où tout le monde se connait et où il règne une atmosphère de village, que sur les grandes avenues derrière Copacabana ou Ipanema, désertes certains soirs.. Voilà une autre raison qui me fait me sentir comme chez moi, en favelada. 



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